#6 - Golden

Il était le seigneur de tout ce qui était d’or. Les arbres, les bâtiments, les gens. Son royaume entier s’était étendu au monde, il en était devenu le seigneur au prix de multiples conquêtes et désormais, il n’y avait plus rien, si ce n’était lui et ses sculptures qui peuplait la terre.

C’était son corps. Un soir, renié, désespéré, menaçant de passer à l’acte, il avait supplié une puissance de l’aider - que le cosmos m’entende ! Et sa voix résonnait sur les murs de cuivre. Il s’était oublié, s’était dédié complètement à la prière et quelque chose s’était produit : un Miracle. Comme l’homme crucifié quand l’homme avait demandé à expier ses pêchés, comme la mère et son fils réunit à tout jamais en un seul corps lorsqu’ils avaient demandé au Miracle de ne jamais être séparés, encore une fois le Miracle s’était produit et avait réalisé son voeu - Mais comme tout ce que le Miracle produisait, il y avait une subtilité et un prix: Il le comprit quand, heureux, il câlina sa mère qui se transforma instantanément en une statue ayant infiniment plus de valeur, disait le Miracle.

Dès lors, tout s’était très rapidement enchaîné : Les meurtres, les guerres, et il avait conquis le monde, et maintenant il était entouré d’arbre faits d’or, car il n’y avait pas un seul objet sur cette Terre qu’il n’avait pas touché, pour la simple et bonne raison que son pouvoir n’était pas le seul cadeau du Miracle : Il était devenu immortel, et il avait donc tout le temps du monde.

Il aurait dû devenir fou. D’ailleurs, peut-être l’était-il devenu. Agenouillé dans le désert, à chercher quel caillou n’avait pas encore été frappé de son sceau. Il pourchassait ce projet car c’était la seule chose qui lui restait à faire, et qu’il était intimement convaincu que c’était ce que le Miracle attendait. De toutes manières, quel autre choix avait-il ? Il ne pouvait plus commander, car tout le monde était d’or. Lorsque les conquêtes fûrent terminées, et qu’elles s’étaient toutes faites alors qu’il était resté sur son trône de métal brillant, il s’était rendu compte qu’il ne pouvait plus bouger sans tuer ses serviteurs et des innocents, et alors il avait des scrupules et s’était forcé à respecter cette limite pour ne faire d’autre victimes que sa mère.

Puis la lassitude le gagna, et comme tout bon roi, il se dit que c’était bien son bon droit d’utiliser son pouvoir pour réaliser ses souhaits. Alors il se leva, et alors qu’il marchait, les pierres se transformèrent en un jet de paillettes divine. Puis les gardes, touchés par ces particules, se transformèrent à leur tour. Ce fût bientôt le tour du château tout entier. Et maintenant, ce désert était absolument d’or, et il avait terminé son oeuvre folle.

Il s’était persuadé d’une chose un peu étrange, il était devenu un fervent zélote du Miracle : Peut-être que, s’il réalisait le voeu qu’il avait fait au Miracle ce soir-là, alors il serait libre et tout redeviendrait comme avant : Il avait demandé à ce qu’on l’estime à sa juste valeur, et à ce que l’univers soit à son image. Lorsqu’il toucha le dernier grain de sable, il se retourna au ciel pour ne contempler que des étoiles. Il attendit. Rien.

Il était le seigneur de tout ce qui était d’or. Les arbres, les bâtiments, les gens. Puis il compris : Les étoiles n’étaient pas encore dorées - Ni cette planète bleue, qu’il percevait depuis sa plage. Ce bleu était exécrable.

Il serait bientôt jaune.